Produits chimiques ou naturels

Chimiques ou naturels, comment choisir ses produits capillaires ?

Écrit par : Adèle Berroche

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Temps de lecture 26 min

Je suis Adèle, et je suis responsable de ce blog depuis sa création, en 2022. Je prends rarement la parole en mon nom, mais pour ce sujet qui me tient à coeur, je m’autorise à employer le “je”. Thomas et nous, son équipe communication, on passe notre temps à vous conseiller sur vos routines, que ce soit sur Instagram, sur ce blog, ou dans nos newsletters. Oui, mais on n’interroge rarement la composition de ces produits, au-delà de leur efficacité. Sauf qu’on n’a pas tous les mêmes exigences, ni les mêmes critères de choix. Par soucis de transparence, je souhaite développer ici ce sujet délicat du naturel VS le “chimique”. J’avais déjà amorcé la question dans les articles spécial “grossesse”, si tu veux les consulter d’abord. Alors c’est parti, on retrousse ses manches et on attaque un gros morceau !

📢 RAPPEL IMPORTANT 📢

Naturel ne veut pas dire inoffensif ou sans risque. On est tous susceptibles de développer une allergie de contact après avoir appliqué un cosmétique, ou faire une mauvaise réaction à un composant particulier. Tout est chimie, même le naturel, et les meilleurs remèdes comme les pires poisons se trouvent dans la nature. Le clivage chimique/naturel pour opposer le mauvais et le bon est un non sens. C’est pourquoi je préfère parler de cosmétiques conventionnels (aux formulations synthétiques) versus les cosmétiques naturels.

Je pose le cadre directement : cet article n’engage que moi, mon expérience personnelle et mes recherches, et n’a d’autre but que de donner des pistes de réflexion. Je ne compte pas te dire quoi faire ou quoi acheter, car chacun est responsable de ses décisions. L’idée ici c’est plutôt de te permettre, justement, de faire ces choix en conscience et peut-être de démêler un peu le vrai du faux, car on entend tout et son contraire.


Je ne prétends pas à travers cet article proposer un guide détaillé des ingrédients problématiques ou suspicieux. D’abord, parce que je suis loin d’être spécialiste sur le sujet et j’en apprends tous les jours, ensuite, parce que ce n’est pas mon rôle, et enfin, parce que d’autres plus qualifiés le font déjà très bien ! Comme d’habitude sur ce blog, on vous donne matière à réfléchir, conseils et réponses à vos questions les plus fréquentes.

COMMENT EST FORMULÉ UN PRODUIT COSMÉTIQUE ?

Pour déterminer si un produit est "bon" ou "mauvais", il est nécessaire de comprendre comment il est formulé et à quoi servent les ingrédients. On oublie trop souvent qu'il s'agit d'un savant mélange et que rien n'est laissé au hasard. Les formulateurs ne s'amusent pas à ajouter des conservateurs, pour ne citer qu'eux, juste pour la forme : ils ont un rôle réel à jouer et garantissent l'innocuité du produit. Reste encore à savoir différencier un conservateur anodin d'un conservateur potentiellement problématique...

Les catégories d'ingrédients

Globalement, un cosmétique fabriqué à partir d’une émulsion : c’est le mélange d’une phase aqueuse et d’une phase grasse. Cette émulsion représente environ 80% de la formule complète du produit.


Cependant, puisque l’eau et l’huile ne sont pas miscibles entre elles, il est nécessaire d’ajouter un émulsifiant pour rendre ce mélange homogène. Des humectants complètent cette formule de base pour retenir l’eau et empêcher son évaporation.


Les principes actifs sont les ingrédients qui nous intéressent particulièrement car ce sont eux qui exercent un effet direct sur la peau ou les cheveux. Enfin, d’autres excipients naturels ou synthétiques sont ajoutés pour compléter la formule. Ils permettent de stabiliser la formulation dans le temps et d’améliorer sa sensorialité (texture, parfum, couleur). Ce sont les conservateurs, parfums, colorants ou pigments, agents de texture… Loin d’être anodins, ils soutiennent l’efficacité des principes actifs tout en améliorant leur absorption : leur rôle est donc central.

La formulation d

Apprendre à déchiffrer les étiquettes

Je ne t'apprends rien : la formulation des cosmétiques se situe à l'arrière de leur packaging ou sur leur emballage. Elle est aussi disponible en ligne sur les fiches produits des revendeurs (comme sur notre e-shop par exemple). Mais attention, seuls les fabricants sont responsables de l'exactitude de cette liste, qu'on appelle liste INCI, et c'est eux qui la fournissent.


INCI signifie International Nomenclature of Cosmetic IngredientsCette liste est écrite en latin, en anglais et en lettres capitales, conformément à une norme internationale pour harmoniser la lecture. Bon, ça reste relatif, car ce n'est pas toujours facile de décoder ces satanées listes !


 Quelques éléments bons à savoir : 

  • Les ingrédients INCI sont listés selon leur concentration dans la formulation, par ordre décroissant. Plus on descend dans la liste, moins l’ingrédient est dosé. C’est pour ça que tu verras d’abord l'émulsion (la base de ton produit) en tête de liste. Très souvent, c’est l’eau en premier.

  • Les additifs se trouvent toujours en fin de liste. Conservateurs, colorants, parfums, allergènes…

  • En dessous de 1% de présence dans le produit, le fabricant peut placer les ingrédients dans l’ordre qu’il veut. Ce qui peut être carrément trompeur : il peut mettre une substance controversée en toute fin de liste, derrière un ingrédient naturel dont la présence est infime.

La liste Inci sur les packagings

Ce qui est complètement normal, c’est que les principes actifs sont moins concentrés que l’émulsion (la formule de base). Ca ne signifie pas pour autant qu’ils ne sont pas efficaces, leur dosage est adapté au reste de la formulation. D’ailleurs, une plus grande concentration de ces actifs pourrait provoquer des irritations, intolérances ou allergies.


Quand tu connais ces règles simples, c’est assez amusant (ou déprimant) de comparer les listes INCI au packaging des produits. Tu constateras que les ingrédients mis en avant par le marketing ne sont pas toujours les plus présents dans la formulation. Parfois, ils sont même placés après le parfum, donc en très très faible quantité… ce qui questionne réellement leur efficacité.

Désormais, penchons-nous de plus près sur les cosmétiques naturels, et ce qui se cache réellement derrière cette allégation.

LES COSMÉTIQUES NATURELS

Une hype méritée ?

Aujourd’hui, les produits naturels séduisent car les marques ont grandement amélioré leurs propositions en même temps que leur marketing. Elles sont parvenues à formuler des soins efficaces, agréables et sûrs d’utilisation, qui parfois n’ont rien à envier des plus grands ;)


Bien plus diversifiés qu’avant, on trouve à la fois des produits bruts avec le moins d’ingrédients possible, comme du beurre de karité ou une huile végétale de moutarde (très bonne pour la pousse des cheveux !) mais aussi, et de plus en plus, des formules élaborées et bien plus complètes.


Tu n’as pas pu y échapper à moins de vivre dans une grotte : le marché de la cosmétique naturelle explose depuis quelques années, et le mouvement s’est encore accéléré avec la pandémie de COVID-19. Pendant le confinement, les consommateurs ont repensé leur rapport aux cosmétiques et leur santé globale, tandis que d’autres ont profité de cette période de ralenti pour créer leur marque éthique et responsable. Il existe donc pléthore de marques naturelles françaises (et pas que), et ça peut vite faire tourner la tête quand il s’agit de faire un choix.

Les produits naturels Cut By Fred

Notre histoire se complique encore plus quand on sait que les marketeurs ont bien compris les promesses juteuses du secteur et qu’ils n’ont pas manqué de surfer sur la vague pour en récolter les fruits. Méfie-toi quand tu vois que les mots “naturels” ou “propres” sont bien mis en évidence, car la réalité derrière n’est pas toujours cohérente avec ce discours. Ces mots ne relèvent en effet d’aucun cadre législatif, ce qui signifie qu’on peut tout y mettre derrière. 

C’est vrai, quand on y réfléchit un peu, ça veut dire quoi “naturel” ?

  • est-ce que ça désigne des matières brutes, non transformées ?

  • est-ce plutôt que la composition est d’origine naturelle, c’est-à-dire que les ingrédients proviennent de la nature (comme beaucoup) ? et ce peu importe le traitement apporté au produit brut ? Dans ce cas on pourrait allez loin, car le pétrole aussi est naturel…

  • ou bien cela veut-il dire que les ingrédients controversés sont exempts de la composition ?

  • et je ne parle pas de ceux qui utilisent le champ lexical du naturel pour évoquer un certain imaginaire, une philosophie du produit et de son utilisation, sans pour autant refléter sa composition ou sa production.

Il en va de même avec d’autres concepts à la mode tels que la “Clean Beauty” ou la “Green Beauty”. C’est joli et ça sonne bien mais dans les faits, ce sont des concepts flous et non réglementés. Je ne dis pas que ça ne vaut rien, mais que le pire comme le mieux peuvent se retrouver dans le même panier. Ce n’est donc pas mauvais en soi, mais comme il n’y a pas de consensus ni de cadre légal, et que chaque marque établit son propre cahier des charges, ça peut tromper le consommateur non averti. Certaines marques peuvent utiliser ces termes comme un argument marketing sans réelle transparence. C’est ce qu’on appelle le Greenwashing : quand les entreprises surfent sur la tendance du naturel ou de l'éco responsable, sans appliquer de réels changements dans leurs pratiques ou leurs formulations.


Pour plus de fiabilité, tu peux te tourner vers les labels biologiques qui sont plus encadrés. Mais là encore, quand on regarde dans le détail, il y a des disparités. Tous ne se valent pas.

Peut-on se fier aux labels bio en cosmétique ?

Bio ou naturel ?

Attention à certaines allégations sur les étiquettes. Parfois, tu peux lire que x% du total des ingrédients proviennent de l’agriculture biologique. D’autre fois, c’est x% qui sont d’origine naturelle. Ce n’est pas la même chose.


Les ingrédients d’origine biologique sont issus de l’agriculture biologique, ils sont cultivés selon ses normes. Les ingrédients d’origine naturelle sont simplement des substances naturellement présentes dans la nature, ou issues de l’agriculture non biologique. Ce n’est pas la même exigence.


C’est la raison pour laquelle tu trouveras un pourcentage inférieur d’ingrédients d’origine biologique, plus strict, et un pourcentage supérieur d’ingrédients d’origine naturelle (car le calcul comprend indifféremment ces ingrédients naturels et les ingrédients bio).


Les produits cosmétiques bio sont des produits naturels alors que les produits naturels ne sont pas nécessairement bio.

bio ou naturel ?

Les garanties du label bio

Pour être certifié par un label bio, un produit doit remplir l'ensemble des conditions imposées par le cahier établi de ce dernier et passer les contrôles d'organismes indépendants et reconnus.


Si les labels bio ont chacun leur cahier des charges, il y a des normes qui sont valables pour chacun d’entre eux. 

Aucun label n’autorise :

  • Les silicones,

  • Les huiles minérales,

  • Les OGM,

  • Les parfums et colorants de synthèse,

  • Les phtalates,

  • Le sodium laureth sulfate,

  • Les PEG.

Ensuite, les labels fixent leurs propres exigences en matière du pourcentage maximal et minimal des substances naturelles, biologiques, et synthétiques.

Logo labels biologiques

Les procédés de transformation et de fabrication du cosmétique doivent également répondre à des règles strictes : être non polluants et respectueux de la santé et de l’environnement.

Les marques naturelles de l'e-shop et leurs labels

Nos marques capillaires naturelles

Quid des applications Inci Beauty, Yuka, QuelProduit?

Ces applications de décryptage des compositions révolutionnent la façon de consommer les produits, et bousculent les codes de l’industrie cosmétique. Plus les consommateurs s’interrogent sur la composition des produits qu’ils utilisent au quotidien, plus les marques sont obligées de s’adapter et de répondre aux nouvelles préoccupations. C’est une très bonne nouvelle !

Applications scan produits

Alors on dit oui pour la sensibilisation et les prises de conscience collectives. Cependant, ces applications sont parfois critiquées car elles présentent des limites. C'est comme tout, elles ne sont pas parfaites !



 Voici quelques limites que l’on peut relever : 

1️⃣ Fiabilité des informations : lorsque tu scannes le code barre de ton produit, cela ne te garantit pas d’accéder à une base de données fiable et récemment mise à jour.


2️⃣ Manque de transparence sur les critères de notation : ceux-ci sont plutôt opaques et certains critères qui peuvent te sembler importants ne sont pas forcément pris en compte par ces appli (made in France, packaging en verre/recyclable/rechargeable, discours marketing, politique RSE…)


3️⃣ Disparité des notations entre les applis : le même produit pourrait être bien noté sur Yuka et décrié sur Inci, parce que l’une sera très (trop) stricte sur un critère et/ou l’autre sera trop laxiste.


4️⃣ Manque de pondération : une appli peut mettre sur le même plan des ingrédients potentiellement nocifs, additifs, allergènes et irritants, alors qu'ils ne représentent pas du tout les mêmes risques. En plus, les concentrations des ingrédients ne sont pas prises en compte. Cela conduit à des résultats alarmistes qui n’ont parfois pas lieu d’être.

La liste Inci sur les packagings

Personnellement, je n'utilise pas ces applications, car je préfère lire directement les étiquettes et me renseigner sur les ingrédients qui me questionnent. Je ne peux pas te donner un avis précis sur chacune d'elles, ni les classer selon leurs performances. Néanmoins je reste persuadée qu'elles sont une très bonne porte d'entrée vers la responsabilisation personnelle et qu'elles recensent une sacrée base de données.


Tu peux donc tout à fait te servir d’une ou plusieurs de ces applications pour avoir une idée globale d’un produit. En revanche, garde ton esprit critique et ne regarde pas la note aveuglement pour déterminer si le produit est bon ou mauvais. N'oublie pas que la bonne formulation d'un produit est une chimie complexe et que c'est l'ensemble des ingrédients, qui agissent en synergie, qu'il faut regarder. Sois curieuse des détails et reste consciente de la simplification de ces applis, qui manquent parfois grandement de nuances et qui doivent elles aussi faire des choix.

LES COSMÉTIQUES CONVENTIONNELS

Tous pourris ?

Pour qu'une matière première naturelle puisse entrer dans la formulation d’un cosmétique, elle doit souvent être transformée, purifiée, stabilisée. Ce processus est nécessaire, mais il soulève une question centrale : à partir de quand un ingrédient cesse-t-il d’être “naturel” ?


En parallèle, de nombreux ingrédients utilisés dans les soins conventionnels — huiles et cires minérales issues de la pétrochimie, silicones, conservateurs, parfums de synthèse — subissent des transformations chimiques poussées, qui dénaturent la matière première d’origine. Certaines de ces substances sont aujourd’hui montrées du doigt pour leur potentielle toxicité pour la santé et/ou leur impact environnemental.


Evidemment, sur ce seul constat, on aurait vite fait de trancher : vive le naturel ! Mais les choses ne sont pas si simples.

Ce n’est pas parce qu’un produit est conventionnel qu’il est nécessairement bourré d’ingrédients controversés ou “cracra”. Il ne faut pas confondre absence de label avec formulation douteuse. D’ailleurs, certaines marques, pourtant engagées, ne souhaitent pas se faire certifier car elles estiment les cahiers des charges actuels trop permissifs, ou tout simplement parce qu’elles n’ont pas les moyens de financer la labellisation. Résultat : on trouve parfois des produits non certifiés, mais à la formulation plus “propre” que d’autres produits estampillés naturels.


De plus, n’oublions pas que c’est la dose qui fait le poison. Un ingrédient potentiellement irritant ou controversé peut très bien être présent en quantité infinitésimale, parfaitement tolérée, et surtout, strictement encadrée. Les cosmétiques conventionnels, avant d’arriver sur le marché, passent une batterie de tests pour garantir leur innocuité, leur stabilité et leur efficacité. Leur mauvaise réputation tient souvent davantage à une perception qu’à une réalité scientifique.

Duo chimique vs naturel
Pour les cheveux bouclés : un shampoing conventionnel (Curl Wow) VS un shampoing naturel (Bouclème).

Il faut aussi reconnaître que la frontière entre cosmétique naturelle et conventionnelle devient de plus en plus poreuse. Les grandes marques traditionnelles ont compris l’enjeu : elles adaptent leurs formulations pour répondre aux attentes des consommateurs, réduisent leur empreinte environnementale, communiquent sur la transparence… Tout n’est pas blanc ou noir : il n’existe pas, d’un côté, des cosmétiques naturels qui seraient bons à tout point de vue et de l’autre, des cosmétiques “chimiques” qui auraient notre peau et celle de notre chère planète !

ZOOM SUR LES SILICONES

Voilà un sujet sur lequel je m’arrache les cheveux ! Ce n’est en effet pas facile de trouver des sources fiables, mesurées et impartiales, car tout le monde a son avis sur la question et prêche pour sa paroisse.

Si on résume un peu la situation : Les silicones souffrent de nombreuses accusations. Ils seraient mauvais pour la santé et l’environnement, serviraient de cache-misère dans les cosmétiques, et étoufferaient la peau et les cheveux. Ils feraient plus de mal que de bien.


Toutefois, il convient de ne pas mettre tous les silicones dans le même panier, et de se montrer un peu plus nuancé.


Dans les produits capillaires, les silicones sont des agents conditioners qui se déposent sur la fibre capillaire pour :

  • faciliter le démêlage et le coiffage,

  • lisser la cuticule et obtenir un cheveu doux et brillant,

  • protéger des agressions extérieures et limiter les dommages.


Ils présentent donc de nombreux et réels bienfaits capillaires, raison pour laquelle ils sont largement répandus. Par ailleurs, ils sont incolores, inodores, stables, et très bien tolérés, pas irritants ni allergisants.


Regardons point par point les accusations.

Balayage Signature
Balayage Signature® réalisé au salon parisien. Les silicones peuvent aider à obtenir ce résultat soyeux (mais ils ne sont pas les seuls).

1. Les silicones étouffent les cheveux et masquent le véritable état de la fibre capillaire

Certains utilisateurs décrient la sensation que laissent les silicones dans les cheveux. Certaines catégories de silicones, en effet, ont une action filmogène pour agir comme un bouclier protecteur et gainant. Pour un usage ponctuel, ça ne pose aucun problème. Mais si tu en utilises régulièrement, au fil des applications, tu peux remarquer que tes cheveux sont plus lourds et plus ternes : les silicones s’accumulent.


Si ça t’arrive, pas de panique. Tu peux effectuer un shampoing clarifiant pour éliminer tous les résidus de silicones, et tu retrouveras des cheveux plus légers. Cela ne veut pas dire pour autant que tu dois bannir les silicones de ta salle de bain : cela signifie simplement que tel produit en particulier ne te convient pas, ou seulement de façon ponctuelle. Aujourd’hui, la plupart des silicones sont solubles dans l’eau (pendant ton shampoing, donc) et ne provoquent pas cette sensation d’accumulation.

SHAMPOING CLARIFIANT CONVENTIONNEL
SHAMPOING CLARIFIANT NATUREL (LÉGER)

2. Les silicones sont mauvais pour la santé

On lit partout que trois silicones, le cyclotetrasiloxane (D4), le cyclopentasiloxane (D5) et le cyclohexasiloxane (D6) sont interdits en Europe. Mais qu’en est-il réellement ? J’ai regardé ça de plus près et je me suis aperçue qu’il s’agit d’un abus de langage (le mot "interdit" fait peur). En fait, ils ne sont pas complètement interdits mais leur utilisation est extrêmement restreinte : depuis le 31 janvier 2020, ils ne sont autorisés en Europe qu’à hauteur de 0,1 % dans les produits rincés. Cette concentration est si faible et négligeable que cela reviendrait à les interdire, puisque les formulateurs sont obligés de revoir leur copie en trouvant des alternatives.

 Pourquoi sont-ils les silicones les plus décriés ? 


Parce qu’ils seraient potentiellement mauvais pour la santé, et notamment le D4.


D4 : Cyclotetrasiloxane. C’est le silicone le plus préoccupant. Classé CMR2, il est suspecté d’être toxique pour la reproduction humaine. Autrement dit, il serait un perturbateur endocrinien d’après des études in vitro (non confirmées in vivo). Lui, pour le coup, il est carrément interdit depuis le 1er janvier 2022 dans les produits cosmétiques.


D5 : Cyclopentasiloxane. Ce silicone volatil est très léger, non gras, et pas absorbé par la peau car il s’évapore rapidement. On le retrouve dans les cosmétiques sous forme de spray qui sèchent rapidement. Il n’est pas un perturbateur endocrinien avéré. Par précaution, on estime que le D5 et le D6 pourraient l’être aussi car ils contiennent des traces de D4.


La dernière étude du SCCS (Scientific Committee on Consumer Safety) de 2016 conclut que le D5 est sûr d’utilisation dans les cosmétiques aux concentrations autorisées, sauf dans les sprays capillaires et les sprays solaires où ils sont présents en plus grande quantité (le principal risque étant l’’inhalation). Si tu le retrouves dans des soins sans rinçage comme des huiles, que tu appliques uniquement sur tes longueurs et pointes, le risque semble donc négligeable.

Duo chimique vs naturel
Un shampoing naturel (On The Wild Side) VS un après-shampoing conventionnel (Kevin Murphy).

3. Les silicones sont une catastrophe environnementale

Pourquoi la Commission Européenne a d’abord interdit les silicones D4, D5 et D6 dans les produits rincés ?


Parce que ces silicones ne sont pas biodégradables (bien qu’ils soient dégradables), du fait de leur structure très stable et très résistante. Ils ont été identifiés comme ayant des propriétés persistantes, bioaccumulables et toxiques (PBT) pour l’environnement. Quand ils sont rejetés dans les eaux usées, ils s’accumulent et polluent les milieux aquatiques.


Dans les produits non rincés, leur impact a d’abord été mesuré comme négligeable car ces silicones sont volatiles. Toutefois, ils ne s’évaporent pas totalement. Alors, par principe de précaution, cette mesure sera étendue dès le 6 juin 2027 aux cosmétiques non rincés, d’après un amendement au règlement REACH (Règlement (UE) 2024/1328 de la Commission du 16 mai 2024). À noter que cet amendement s’applique à tous les secteurs, et pas uniquement à la cosmétique, car l’on retrouve ces silicones partout.


En résumé : Tu peux encore trouver certains de ces silicones (D5, D6) dans les produits capillaires non rincés comme des soins coiffants. S’ils ne semblent pas représenter de risques véritables pour ta santé, leur toxicité environnementale est avérée. Les autorités européennes ont pris des mesures pour limiter leur impact, et ces silicones sont voués à disparaître progressivement. Dans deux ans, leur présence sera minime (0,1% maximum) dans les produits cosmétiques rincés comme non rincés.

PS : Ce sujet est délicat et je suis loin de l’avoir traité avec exhaustivité, ni de le maîtriser à 100%. Il aurait pu faire l'objet d'un article à lui tout seul ! J’espère que mes explications sont claires et bien actualisées. Je t’invite à faire tes propres recherches si tu veux d’autres précisions. Si à l'inverse, tu connais bien le sujet, n'hésite pas à nous partager ton avis en commentaire pour poursuivre la discussion :)

LES POINTS FORTS DES PRODUITS CONVENTIONNELS

1. Recherche et développement avancés

🔬 Innovation scientifique : Les grandes entreprises investissent massivement dans la recherche pour développer des formules hautement efficaces et adaptées à des besoins spécifiques. Elles ont aussi les moyens de conduire des essais cliniques d'envergure pour évaluer la performance de leurs produits.


⚗️ Technologie brevetée : Les cosmétiques conventionnels utilisent des ingrédients et des technologies avancés qui ne sont pas toujours disponibles dans les produits naturels ou bio. C’est le cas par exemple de la technologie Olaplex qui reconstruit les ponts cassés à l’intérieur de la fibre capillaire.

2. Efficacité rapide et ciblée

🥇Performance : Les ingrédients synthétiques sont souvent conçus pour offrir des résultats visibles rapidement, comme apporter une brillance instantanée aux cheveux.


🫶 Adaptation aux problèmes spécifiques : Certains traitements, comme les shampoings antipelliculaires ou les soins réparateurs, sont plus efficaces avec des formules contenant des ingrédients actifs synthétiques.

3. Accessibilité et variété

Le marché du naturel étant très en vogue, la facture est parfois bien plus élevée que pour les cosmétiques conventionnels car certaines marques en profitent pour gonfler les prix. Les produits conventionnels ont l’avantage d’être globalement plus abordables et disponibles partout, tout en offrant une large variété de soins selon les préférences et les types de cheveux.


Cela dit, les produits conventionnels de grande qualité, aux résultats professionnels – comme ceux que nous privilégions sur l’e-shop – sont plus onéreux et moins accessibles.

Les avantages des produits conventionnels

4. Conservation et stabilité

🧫Les conservateurs synthétiques permettent aux cosmétiques conventionnels d'avoir une durée de conservation plus longue et d’éviter la prolifération de bactéries ou de moisissures. Ils garantissent une formule stable et une efficacité constante. Il n'y a rien de plus désagréable que de constater que son sérum préféré a tourné : mauvaise odeur, jolie couleur qui vire au gris/marron, texture qui bouloche ou fait des grumeaux. Personnellement, ça m'est arrivé plus d'une fois avec des produits naturels malgré une grande précaution dans leur utilisation !

5. Tolérance et sécurité

Même si on aimerait que certaines choses bougent plus vite ou que certaines préoccupations ne soient pas sans cesse repoussées à demain, rappelons tout de même que les cosmétiques sont soumis à des normes strictes en matière de sécurité, en particulier dans l'Union européenne où les réglementations sont parmi les plus sévères.

6. Facilité et plaisir d’utilisation

Les produits conventionnels ont souvent des textures optimisées (crèmes légères, mousses aérées, sprays diffusants) pour une application plus agréable. Ils offrent une multitude d'options sensorielles pour une expérience utilisateur enrichie et ludique, comme des couleurs vibrantes, des modes d'application sophistiqués ou des packagings design.

CHIMIQUES, BIOS OU NATURELS ? TROUVER L' ÉQUILIBRE

DES CHOIX PERSONNELS

Quand on commence à s’intéresser de près à la composition de ses cosmétiques, il est facile de basculer dans une forme de radicalité et de rigidité. Pourtant, ce n’est pas nécessairement la voie la plus saine à long terme. Il ne s’agit pas de diaboliser un “secteur” en particulier : les perturbateurs endocriniens, pour ne citer qu’eux, se trouvent partout, et pas seulement dans les cosmétiques. On en retrouve dans bien d’autres aspects de notre quotidien : alimentation, textiles, produits ménagers, contenants plastiques…


Ce n’est donc pas une question à prendre à la légère, c’est un vrai enjeu de santé publique. L’idée, c’est de rester mesuré, de réduire les expositions quand c’est possible, et surtout, de faire ses choix en conscience. On peut aussi s’autoriser à se faire plaisir sans culpabiliser, et relâcher la vigilance : tu n’es pas obligée de balancer à la poubelle ton shampoing préféré car il contient une substance controversée !


Si cette préoccupation devient trop envahissante, si elle génère de l’angoisse ou une forme d’“orthorexie” cosmétique, il est essentiel d’en parler avec un professionnel de santé. Il pourra t’aider à y voir plus clair, te rassurer et t’aider à adopter une approche plus apaisée.

Comme pour l’alimentation ou l’activité physique, tout est une question d’équilibre. Faire des choix logiques, ça peut ressembler à ça :

  • Privilégier des soins du cuir chevelu plus naturels qu’une huile sur les pointes,

  • Être plus souple sur un produit rincé que sur un soin sans rinçage appliqué quotidiennement,

  • Être vigilante sur les zones sensibles ou réactives (cuir chevelu, visage) et se permettre un peu plus de liberté sur les longueurs des cheveux, par exemple.

En fait, c’est un joyeux melting pot à équilibrer en regardant plusieurs critères :

  • le temps d’exposition au produit,

  • est-ce qu’il est rincé ou non ?

  • la zone d’exposition : le cuir chevelu est plus “risqué” que les pointes.

Duo chimique vs naturel
Des crèmes coiffantes qui surfent sur le naturel (René Furterer) ou pas (Redken).

D'autres critères entrent aussi en jeu : ton âge, ta santé globale, ou encore des périodes particulières de ta vie. Si tu souffres d’une maladie hormonodépendante, si tu es enceinte, allaitante, ou si tu choisis des produits pour un enfant ou un ado dont le système hormonal est encore en développement, tu peux décider d’être plus exigeante sur la composition.


Mais dans tous les cas, c’est toi qui fixes les règles. Chacun son niveau d’exigence, son propre cahier des charges. Tu peux décider d’être très stricte pendant certaines périodes, puis de relâcher un peu la pression à d'autres moments. Tu peux adopter une routine ultra clean pour tes enfants, et être plus souple pour toi-même. Tu peux être cohérente… ou pas tout le temps !


Il ne faut pas oublier qu’au-delà des cosmétiques, notre environnement global compte aussi : alimentation bio ou non, ustensiles de cuisine, produits d’entretien, vêtements, lessive… C’est un tout. Et parfois, on choisit simplement ses batailles.


Alors oui, tu peux craquer pour un produit conventionnel qui fait le buzz, même si ça ne coche pas toutes les cases. Ce qui compte, c’est que ce soit un choix éclairé, et pas une injonction culpabilisante.

LA POLITIQUE DE LA MAISON

Chez Thomas Tuccinardi, on vous laisse la responsabilité de choisir vos cosmétiques capillaires en fonction de vos préférences.

Nous ne sommes pas une entreprise positionnée sur le secteur du naturel, et encore moins du biologique. Notre cœur de métier étant la coloration, nous proposons des services qui sont incompatibles avec le monde naturel et nous travaillons avec des marques conventionnelles, comme Redken, expertes dans leur domaine. Cela garantit à nos coloristes des résultats professionnels, sûrs, et entièrement personnalisés. C’est aussi une plus grande liberté pour laisser leur créativité s’exprimer pleinement, ce que ne permettent pas les colorations végétales d’un point de vue purement technique.


C’est la raison pour laquelle il n’y avait que des marques technologiques et scientifiquement prouvées au lancement de cet e-shop. Par la suite, nous avons souhaité intégrer plus de marques naturelles pour satisfaire plus de monde et proposer des alternatives. Notre volonté est de présenter plusieurs produits, aux formulations différentes, dans diverses gammes de prix, pour répondre aux besoins de tout un chacun. Si un produit particulier ne convient pas, nous avons des alternatives mieux notées sur les applis de scan (si ce critère est important pour toi).

Bar à couleurs Redken
Thomas devant le bar à couleurs Redken, dans le salon lyonnais. 

Au-delà de toute considération de santé (maladie, allergies, grossesse…), Thomas conseille en première intention d’entretenir un balayage avec des marques conventionnelles qui formulent des produits adaptés aux cheveux colorés : Olaplex, Color Wow, Evo par exemple. Mais tu peux tout à fait prendre soin de ton balayage avec des marques naturelles si tu le préfères. Si tes cheveux sont naturels, non sensibilisés, tu peux directement opter pour des marques naturelles ou biologiques si c’est important pour toi.

MON EXPÉRIENCE

Cet article est beaucoup trop long, non ? Si j’ai encore ton attention, je voudrais tout de même terminer par une touche plus légère et moins sérieuse en te partageant mon expérience (imparfaite, car je cherche moi aussi l’équilibre !).

J’ai toujours été passionnée par l’univers de la cosmétique, et particulièrement par les soins de la peau et des cheveux. J’ai longtemps été fidèle aux soins naturels et biologiques, et j’étais même partisane du home made. J’étais souvent fourrée chez Aroma-Zone pour trouver mon matériel et mes matières premières, à l’époque où ils faisaient surtout des produits bruts et ne proposaient pas autant de formules toutes prêtes comme aujourd’hui. D’ailleurs, c’est assez drôle de voir comment l’enseigne a rapidement évolué, tout comme sa fréquentation. Avant, on y trouvait que des initiés, maintenant, avec les réseaux sociaux, ça a carrément pris une autre ampleur et les boutiques sont toujours ultra bondées. C’est fou !


Je ne jurais donc que par le bio, et je suis heureuse de voir comment ça a franchement bien évolué, à plusieurs niveaux. Quand j’étais encore enfant/ado, le bio c’était des formulations peu sensorielles, une efficacité discutable et des packagings ennuyeux. Et c’était pas autant démocratisé qu’aujourd’hui.

Les soins Cut By Fred
L'univers pop et coloré de Cut By Fred est le bienvenu dans un milieu bio parfois aseptisé.

Plutôt adepte du less is more, je cherche encore l’équilibre entre l’envie de tester les nouveautés et le désir de garder une routine simple qui ne flingue pas ma barrière cutanée ou mon cuir chevelu. Je réfrène donc mes ardeurs, mais en dehors de quelques classiques incontournables que je rachète systématiquement, j’aime bien varier mes produits une fois que je les ai terminés. Je suis toujours en quête du Graal pour chacune de mes problématiques : une peau mixte, déshydratée et à tendance acnéique, et des cheveux fins et plats, qui graissent en 2-3 jours, et qui semblent abonnés à la chute de cheveux tous les printemps. Dit comme ça, ça fait rêver.


Ce sont justement ces problématiques qui m’ont amenée, parfois, à m’éloigner du naturel pour tenter des solutions plus conventionnelles, avec des actifs qui ont fait l’objet de véritables études cliniques. C’est notamment le cas des rétinoïdes sur prescription médicale, ou encore des produits issus de la dermocosmétique ou cosméceutique (et qui coûtent un bras, parfois…).

Vegan Hydratation Mask
Galéniques
Tangle Teezer et Shimmer.Shine

Aujourd’hui, j’ai freiné sur les formulations maison pour privilégier des produits qui soient à la fois plus sensoriels, plus sûrs d’utilisation, plus stables dans le temps et avec une combinaison d’actifs intelligente, avec les bons dosages. Je privilégie les produits naturels, aux compositions courtes, certifiés bios si possible, pour tous les produits d’hygiène et pour la base de ma skincare (gel douche, savon main, déodorant, dentifrice, sérum, crème hydratante, huile démaquillante végétale, gel nettoyant, eau florale…). Et je m’autorise des exceptions pour certaines problématiques ciblées : les rétinoïdes pour les imperfections et la prévention anti-âge, la crème solaire (du côté de la K-Beauty, on trouve des merveilles, mais ce n’est pas “clean”), les exfoliants chimiques (aha, bha, pha). Mon maquillage est essentiellement naturel, même si ça m’arrive encore de porter des rouges à lèvres classiques. Je ne compte pas en racheter, car ce qui est sur les lèvres est susceptible d’être ingéré et ça m’ennuie de laisser potentiellement passer des substances toxiques.

Concernant les cheveux, j’étais au 100% naturel avant de travailler pour Thomas. Si tu as lu mon article sur le henné, tu connais certainement mes déboires ! Et puis j’ai eu la chance de pouvoir tester plusieurs des produits disponibles sur l’e-shop, pour pouvoir vous en parler de la meilleure des façons possibles, sur le blog, les fiches produits et les newsletters. Alors j’ai baissé mes exigences et accepté de tester des produits conventionnels (professionnels et de qualité), pour voir si ça faisait une “vraie” différence. Je te mentirais si je te disais que j’aime tous les produits que l’on vend, car tous ne me correspondent pas ! Mais j’ai eu un coup de cœur pour Olaplex, par exemple. L’odeur des produits, leur texture et leur facilité d’application, les résultats sur le cheveu… En fait, avec Olaplex, c’est rapide et facile d’avoir de beaux cheveux, il y a une vraie cosméticité que l’on ne retrouve pas dans les produits naturels. Mais évidemment, la composition n’est pas la même (à nuancer, selon les produits).

Les soins Olaplex
Les soins conventionnels Olaplex ont su me séduire par leur efficacité redoutable et leur sensorialité.

En tout cas, je continue mes tests dans le bio et le naturel pour vous trouver des pépites, et je reste curieuse des produits conventionnels – en dehors de certains critères non-négociables pour moi.

Alors voilà, je vais enfin poser le point final de ce dossier interminable sur les cosmétiques chimiques, bios ou naturels. Cet article, ça fait peut-être déjà deux ans qu’il est sur ma to-do-list, et que je le repousse sans cesse. Car je sais que c’est un sujet délicat, controversé, que je ne peux absolument pas en parler de manière 100% juste, exhaustive, à la hauteur de ce que j’aimerais. J’ai plusieurs fois voulu l’abandonner en cours de route... et j’ai peut-être mis 3 mois à l’écrire, de façon hachée, désordonnée, laborieuse. Plus j’avançais, plus j’avais à dire, et moins il était envisageable de faire marche arrière. C’est tellement difficile de parler de ce sujet sans être réducteur, tant il y a à creuser, à nuancer… Alors plus que jamais, n’hésite pas à me laisser un commentaire pour me dire si cet article t’est utile, tout comme les visuels, ça me fera chaud au coeur 🫶.

Adèle Berroche

Adèle Berroche

Responsable SEO & Copywriting.

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