Comment passer de la coloration végétale à la coloration chimique ?

Écrit par : Adèle Berroche

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Temps de lecture 7 min

Si toi aussi, tu étais adepte du henné mais tu as fini par en avoir marre, bienvenue ! C’était mon cas, et même si j’ai adoré mes expériences capillaires entre ma cuisine et ma salle de bain, j’ai ensuite confié mes cheveux à Thomas. Je pense que tu me comprends. Et puis, c’est pas non plus désagréable de se laisser faire en sirotant un nectar d’abricot… Si tu as cliqué sur cet article, tu dois déjà savoir qu’on ne peut pas jongler n’importe comment entre le henné et les couleurs : il y a des règles. Alors c’est parti, je te donne le mode d’emploi et mes recommandations pour passer sereinement de la coloration végétale à la coloration chimique.

HENNÉ OU COLORATION ? COLORATION VÉGÉTALE OU CHIMIQUE ?

Pour commencer, si tu souhaites un bon récap’ sur la question, je te conseille de lire le premier article consacré au henné pour les cheveux. Tu obtiendras un beau tour d’horizon de ce qu’est le henné, comment le choisir et préparer son mélange soi-même à la maison, ses avantages et inconvénients.

Toutefois, je rappelle ici deux éléments qui me semblent importants :

1) La coloration végétale, c’est du henné. Oui, il y a des exceptions, mais globalement quand on parle de coloration végétale, on parle de henné.

2) On oppose le végétal au chimique, mais ce n’est pas tout à fait juste. Toutes les couleurs sont chimiques. Disons que le henné est plus traditionnel, ancestral – et évidemment à base de végétaux – et que les couleurs dites chimiques sont en fait conventionnelles.

En dehors des considérations autour des compositions et ingrédients (on va y revenir), ce qui distingue majoritairement ces deux types de colorations, c’est le mode de fonctionnement. Tandis que la couleur pénètre la fibre capillaire et modifie sa structure, le henné l’enrobe simplement, et forme une gaine autour du cheveu tout en le colorant par transparence. Attention, cela ne veut pas dire qu’il est temporaire : une fois qu’il se fixe sur le cheveu, il y reste indéfiniment !

Mais alors, pourquoi dit-on que le henné et la couleur sont incompatibles ? Eh bien précisément à cause de ce mode de fonctionnement différent, et d’ingrédients qui n’ont pas trop d’affinités… ce qui génère quelques couacs. On va voir ça dans le détail.

COLORATION CHIMIQUE APRÈS HENNÉ : C’EST POSSIBLE ?

Autrement dit, peut-on passer de la coloration végétale à la coloration chimique ? Oui, tu peux effectuer une coloration d’oxydation ou un Gloss après le henné. Cependant, comme ce dernier gaine les cheveux, il forme un bouclier qui risque d’empêcher les pigments de pénétrer la cuticule. Deux problèmes sont susceptibles de se poser :

1) Ta couleur risque d’être plus fade car elle n’aura pas suffisamment pénétré et pigmenté ton cheveu.

2) Le résultat final peut être différent de ce que tu avais en tête car les pigments chimiques vont se superposer aux pigments végétaux.

On te recommande d’attendre au moins trois mois entre les deux colorations pour que ton henné ait le temps de s’estomper : même s’il ne disparaît jamais complètement, lui aussi dégorge au fil des shampoings.

Par ailleurs, on te conseille d’opter pour un Gloss plutôt qu’une coloration d’oxydation. Le Gloss est une couleur semi-permanente très douce, qui contient des oxydants à très faible volume. Il entrera moins en compétition avec les pigments restants de ton henné et tu auras moins de risques de mauvaise surprise (coucou les cheveux verts 👀). 

PEUT-ON DÉCOLORER SES CHEVEUX PAR-DESSUS LE HENNÉ ?

C’est là que ça se complique. Vraiment. Si tu décolores tes cheveux après avoir fait du henné, au pire ils vont brûler, et casser… au mieux, tu auras des mauvais reflets. Oui, par mauvais reflets, je fais bien référence au vert !

Bon, en réalité ce n’est pas toujours si terrible. Cela dépend surtout de deux facteurs :

D’abord, de la composition de ta ou tes précédente(s) coloration(s) végétale(s). Il est primordial que cette compo soit la plus propre possible, pure et d’origine naturelle. Il ne faut pas d’additifs douteux comme les sels métalliques (sodium picramate) qui sont agressifs et responsables de la casse du cheveu. Donc, si ton henné ne contient pas de sels métalliques, c’est déjà une bonne chose !

1. henné sans sels métalliques

Ensuite, des pigments présents dans ton henné. Si tu l’as acheté tout prêt et que tu ne l’as pas préparé toi-même à partir de poudres tinctoriales et de henné pur, je te conseille de bien vérifier les ingrédients. Très souvent, on retrouve de l’indigo ou du katam dans les colorations végétales car ce sont des pigments cendrés qui viennent neutraliser les teintes chaudes orangées du henné. Quand on décolore par-dessus l’indigo ou le katam, on obtient des tons verdâtres peu flatteurs. C’est une question de colorimétrie : le jaune de la poudre décolorante associé au bleu de l’indigo, ça donne du vert. 

2. henné sans indigo ni katam

On résume :

Si la composition de ton henné est propre, exempte de sels métalliques : ouf, tu évites la casse des cheveux.

✅ Si ton henné ne contient ni katam ni indigo : pas de reflets verts à l’horizon.

Ce sont deux conditions indispensables à cocher si tu songes à la décoloration. Si ce n’est pas le cas, mieux vaut oublier ton rêve d’éclaircissement pour le moment. Le plus sage est d’attendre la repousse de tes cheveux, et de couper au fur et à mesure les parties qui contiennent du henné.

Et si tu remplis les conditions ? Tout n’est pas gagné pour autant. On l’a vu, le henné gaine la fibre. Si tu décolores par-dessus, il faut garder en tête :

  • que la décoloration sera un peu plus agressive que si ton cheveu était vierge car elle doit passer la barrière du henné pour atteindre le coeur de la fibre.
  • que le henné peut bloquer la décoloration, car les pigments ne disparaissent jamais complètement. Si tu veux obtenir un bon fond de décoloration pour un joli blond, c’est quasi impossible après le henné. Tu obtiendras un fond de décoloration orangé voire rosé à cause des pigments cuivrés qui persistent.

Je te délivre la marche à suivre pour que la transition naturel-chimique se passe au mieux.

COMMENT BIEN PRÉPARER SES CHEVEUX POUR PASSER DE LA COLORATION VÉGÉTALE À LA COLORATION CHIMIQUE ?

Tu l’auras compris, la meilleure solution reste encore d’attendre la repousse de tes cheveux et de couper au fur et à mesure tout ce qui contient du henné. Les coloristes préfèrent travailler sur une toile vierge 🎨.


Mais si tu ne souhaites pas attendre aussi longtemps, je te recommande d’abord d’envisager un Gloss, c’est moins touchy que la décoloration. Et si tu remplis toutes les conditions pour la déco et que c’est ton souhait le plus cher (et que tu as bien compris les limites du process), alors go !

TROIS CONDITIONS INDISPENSABLES

Dans tous les cas, que tu optes pour une coloration ou une décoloration après le henné, voici mes trois indispensables :

  1. attend trois mois au minimum avant de switcher ;

  2. fais au moins trois dégorgements chez toi pour enlever un max de henné ;

  3. fais toujours une mèche test pour voir comment ton cheveu réagit avant de te lancer sur la tête entière.

ZOOM SUR LE DÉGORGEMENT


Le dégorgement permet d’enlever les couches superficielles de henné. C’est une mixture maison à base d’argile et de crème de coco que tu vas venir appliquer sur toute ta chevelure et laisser poser 2h minimum. Tu peux choisir l’argile que tu préfères, la blanche étant la plus douce. Je te recommande la crème de coco plutôt que le lait pour éviter les coulures désagréables pendant la pose. Plus tu vas laisser poser longtemps, plus ça va assécher tes cheveux. L’idée, c’est de te programmer trois sessions de dégorgement espacées de quelques jours, et entrecoupées de sessions hydratation intense ! Tu peux opter pour des bains d’huile ou des masques bien riches.


Tu peux faire plus de dégorgements tant que ça marche et que ta couleur s’estompe. Mais à un moment donné, ça va bloquer : tu ne pourras pas aller plus loin dans le processus. À ce moment-là, tu pourras envisager de faire ta mèche test chez le coiffeur.

Dégorgement coloration végétale

MON HISTOIRE


Pour vous raconter la suite de mes aventures capillaires : j’avais fait plusieurs hennés que j’avais moi-même préparés en m’assurant qu’ils étaient purs, et sans indigo ni katam. J’ai effectué 4 dégorgements et j’ai attendu 6 mois avant que Thomas ne me fasse mon premier Gloss.


Un an plus tard, soit un an et demi après mon dernier henné, j’ai tenté la décoloration. Et ça s’est bien passé ! J’ai obtenu un joli balayage cuivré que j’entretiens encore aujourd’hui. Mon prochain objectif : passer au balayage californien, avec des mèches plus blondes que rousses. C’est encore une autre paire de manches 💪.

Décoloration après henné
Voici le résultat du balayage, un an et demi après la coloration végétale.

TO-DO LIST AVANT DE SAUTER LE PAS DU CHIMIQUE APRÈS HENNÉ

1. Je vérifie la composition de mon henné pour m’assurer qu’il soit propre : pas de sels métalliques (sodium picramate), pas de ppd, pas d’additifs douteux.

2. Mon henné ne contient pas d’indigo ni de katam : c’est l’idéal si je veux décolorer. Attention, même le henné dit “neutre” apporte des reflets orangés et peut modifier le fond de décoloration.

3. Je fais plusieurs dégorgements en alternance avec des soins hydratants tant que ça marche.

4. Le résultat de la mèche test est satisfaisant.

Balayage Signature
Exemple d'un Balayage Signature au salon Tuccinardi

Alors voilà, le henné n'est pas une science exacte, mais tu as désormais toutes les informations de base sur ce monde végétal de la coloration. Il n'est ni un super colorant ni un colorant à diaboliser : c'est comme pour tout, il y a du bon et du moins bon. Le principal, c'est de ne pas jongler entre la coloration végétale et la coloration chimique, parce que tu risques de fragiliser tes cheveux et d'obtenir des résultats décevants. En tout cas, garde bien en tête que la coloration naturelle ne peut pas éclaircir les cheveux et elle fonce au fur et à mesure des applications. Si tu souhaites un Balayage Signature prochainement, mieux vaut donc éviter le henné d'ici-là.

Adèle Berroche, Content Manager.

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